Dans les yeux de mes filles, je vois…

6 mars 2013

Ma grand-mère…

Filed under: Non classé — vicval31 @ 13 h 32 min

J’ai vu mamie ce week-end. On fêtait ses 95 ans chez maman. Elle est arrivée avec l’élégance qui la caractérise. Elle est simple ma grand-mère. Elle est issue d’une famille italienne qui s’est installée en France dans les années 20. Elle a grandi avec de nombreux frères et soeurs. Elle a très tôt travaillé à l’usine ou à d’autres petits boulots. Mais elle était très belle et elle avait du goût. Elle a donc toujours eu une certaine classe, quelque chose qui faisait qu’elle ne laissait pas indifférent. Elle aimait la vie et elle était intelligente, je crois. Elle s’est mariée plusieurs fois. Ella a eu 3 filles. Aujourd’hui, à 95 ans, elle a passé 40 ans avec son compagnon, ce qui est donc son record. Elle me rappelle à chaque visite que je ne dois pas me laisser aller, que je dois toujours être belle (même au réveil!), que je dois m’occuper de mon mari (dans tous les sens du terme) et que je dois faire attention avec mon mauvais caractères. Elle est étrange ma grand-mère. Elles est insaisissable. Sous certains aspects, elle est ultra-moderne, regarde les émissions de télé-réalité, parle de sexe avec ses petits enfants et considère que le divorce et l’avortement sont une chance pour la femme. Elle est aussi très fière que je sois avocate car, pour elle, les avocats font partie des puissants et sont le symbole de la réussite…oui, bon, cela reste à voir…Alors, ma grand-mère, disais-je, est très moderne, mais elle considère tout de même que c’est à la femme de se battre envers et contre tout pour garder son homme. La femme, doit accepter les travers des hommes, leur tendance, parfois, à tromper (ce qui n’est pas important selon elle). Bref, quand un homme part, c’est que la femme l’a un peu cherché. C’est, je pense, ce qu’elle a conclu lorsque j’ai été trompée, enceinte, et que j’ai plaqué mon mari. J’avais dû faire quelque chose de mal. Bon, mais ma grand-mère m’adore alors elle a tout de même considéré que c’était lui le salaud! Tout en me rappelant que, pour le prochain, je devrais mettre un peu d’eau dans mon vin. C’est bizarre quand même car ma mamie, celle que j’aime au-delà des mots, n’a pas hésité à divorcé de son tout nouveau mari qui l’avait énervée moins d’un mois après avoir inviter un groupe de mariage (voir aussi les infos sur ce super orchestre de bal)… Grâce à la musique de cette soirée, ma grand-mère a toujours ces étincelles dans les yeux, elle me donne une leçon de vie à chaque visite même si je sens que je la perds peu à peu. Je ne peux pas me résoudre à cette idée. Je sais, l’âge est là mais je ne peux pas. Ma grand-mère à cela de tellement touchant qu’elle peut dire des inepties lors d’un repas mais vous ramener à la réalité tellement son discours est vrai. Elle m’a dit l’autre fois qu’elle était prête, qu’il était temps pour elle et qu’elle n’avait pas peur. Moi, je ne suis pas prête…

Mes poupées…

Filed under: Non classé — vicval31 @ 13 h 32 min

Je viens de déposer ma « grande » poupée de 6 ans à la danse. Queue de cheval en l’air, petite doudoune bleue à capuche, elle a posé son inséparable doudou dans la voiture. Elle est partie, avec un air assuré dont je sais bien, moi, sa maman, qu’il ne reflète pas vraiment la réalité. Elle a foncé dans les escaliers et je savais qu’il y avait en elle une petite crainte de monter ces deux étages seule. Mais elle est fonceuse et elle y est allée. C’est un défi pour une petite fille de cet âge…Je l’ai donc accompagnée par la voix et ai attendu qu’elle me dise qu’elle était bien arrivée pour partir. Ma poupée aux cheveux blonds, aux yeux marrons qui sont si semblables à ceux de son papa. Ma poupée qui est un être exceptionnel, que je regarde chaque jour avec étonnement tant il me semble impossible qu’elle soit bien là et qu’elle soit elle. Ma poupée que j’ai attendue pendant de nombreuses années, qui est le fruit d’un long combat du fait de la stérilité de mon ex mari. Mon cadeau qui m’a ramenée à la vie lorsque son papa est parti avec une autre alors qu’elle était encore dans mon ventre…J’ai tant de reconnaissance pour cet enfant. Je suis admirative de ce qu’elle est. Je lui souhaite tout le meilleur et je souhaiterais la protéger de tout. Comment expliquer ce que je ressens pour elle?

Et puis je suis rentrée à la maison. Ma deuxième poupée, mon bébé, mon ange, est endormi. Je n’entends que le bruit des touches sur mon clavier et je me sens entière, vivante, sereine. Qui l’eut cru? Je suis maman de ce deuxième trésor qui est un vrai cadeau elle aussi. Elle a hérité de mes yeux cette fois, des cheveux épais de mon papa je crois et de la bouche magnifique de son papa, de l’homme de ma vie. Elle a cette gaieté qu’ont les enfants que la vie a épargnés. Elle me donne le sentiment, quand je la tiens tout contre moi, que je n’ai plus besoin de rien d’autre, que le bonheur est là. Mon bébé dort et je veille sur lui. Rien ne pourra remplacer ces moments magiques.

Si quelqu’un m’avait dit que je deviendrais cette femme là, je ne l’aurais certainement pas cru. Non, je crois que je savais que la famille était essentielle à mon bonheur mais il m’a toujours semblé et je l’ai souvent revendiqué, que je devais aussi réussir socialement. Je devais rendre justice aux femmes de ma famille qui avaient quelques comptes à régler avec les hommes. Je devais m’assumer et être indépendante. C’est ainsi que j’ai embrassé la carrière d’avocat. Je ne me suis pas penchée sur les problématiques familiales, je n’ai pas défendu les femmes ou les plus faibles contrairement à ce que j’aurais souhaité. Non, j’ai choisi la sécurité financière et affective. J’ai opté pour le droit des affaires qui me permettait de rester à distances de mes clients et de leurs problèmes. Je sais aujourd’hui que ce fut là mon erreur. J’ai obtenu la sécurité financière et les honneurs, j’ai occupé de très beaux postes mais je n’étais pas en phase avec moi-même. Je m’ennuyais!

Si l’on m’avait dit que je deviendrais cette femme  que je suis aujourd’hui, je ne l’aurais jamais admis. J’ai encore du mal à accepter cette idée. Elle va à l’encontre de mes valeurs puisque pour la première fois, je laisse un homme, mon homme, mon allié, mon ami, prendre les rennes financières de notre vie, pour un temps… J’ai enfin le temps et le droit de me concentrer sur enfants, sur mes amours, sur celles qui sont devenues ma joie de tous les jours. Je dois maintenant décider du sens que je souhaite donner à ma vie professionnelle…je souhaite qu’elle me ressemble enfin. Je veux être un guide pour toutes celles qui rencontrent les même défis que ceux auxquels j’ai été confrontée. Je veux être moi.

5 mars aujourd’hui

Filed under: Non classé — vicval31 @ 13 h 31 min

Papa aurait eu 73 ans aujourd’hui. Plus de 20 ans qu’il a quitté ce monde et j’ai toujours du mal à me faire à cette idée. En même temps, j’ai parfois l’impression qu’il n’a existé que dans ma tête. J’avais 14 ans quand il a succombé à la maladie. J’aurais pourtant bien eu besoin qu’il soit encore là pour baliser ma route. J’aurais souvent souhaité qu’il dédramatise les situations d’un mot ou d’un geste comme il savait si bien le faire. J’aurais voulu voir sa réactions lorsque j’ai obtenu mon diplôme d’avocat, lorsque j’ai intégré de prestigieux cabinets, lorsque j’ai combattu pour avoir un enfant et lorsque j’ai tout plaqué pour aller vers ma « vraie » vie. J’aurais voulu que mes filles, mes victoires, celles qui ont vraiment fait de moi une femme à part entière le connaissent. Je le retrouve dans leurs attitudes, je ne peux ignorer que je lui ai un peu re-donné vie en les mettant au monde mes trésors. J’ai 40 ans et je suis encore une petite fille en mal de son papa. J’ai 40 ans et je sais que toutes les réussites, tous les succès ne sont rien si l’on ne peut les partager avec ceux qui, dans notre vie, ont une place. Je souhaiterais lui rendre hommage. Il était élégant, un peu original, il n’aimait pas se plier aux règles établies, il aimait la vie, il m’aimait moi et il m’a donc donné les bases dont j’avais besoin pour bien grandir. J’avais 14 ans lorsqu’il est parti. Sur son lit d’hôpital, je lui ai dit au revoir alors qu’il dormait déjà profondément. Je crois que je souhaitais qu’il parte car je ne le retrouvais plus et cela me déstabilisait. Il a levé les paupières à mon départ, comme pour me dire adieu. Il était mon socle, ma force, mon port d’attache et il allait falloir que je vive sans lui. Aujourd’hui, je pense à lui, à ses yeux bleus perçants et je me dis que la femme, la mère que je suis devenue lui aurait certainement plu.

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